J’ai dans la tête des visions de rues la nuit, de chambres, de visages emmêlés et sales. Pas d’eau. Il fait trop chaud.
Pourquoi ces visages m’observent-ils ?
J’ai pas envie d’y aller et j’ai pas non plus envie d’écrire cette lettre.
Dans dix minutes, je devrai la remettre mais je ne suis pas sûre d’arriver à franchir cette masse de gens. Leurs grands yeux blancs, lumineux, ma trouille au ventre, leurs désirs et ma peur.
Qu’est-ce qu’ils viennent chercher ici ?
Est-ce qu’ils ne savent pas qu’on ne sait plus donner, accueillir, aimer ?
J’ai honte.
Ça y est j’ai traversé le camp, je retrouve ma tente, ma table, ma chaise. J’écris.
Lucie va venir chercher ce courrier et essaiera de le faire passer demain. Inch Allah !
Evelyne