C’était un beau jardin du tout début des âges.

Le temps y était doux : ni typhons ni orages,

Pour en ternir l’éclat. Un endroit enchanté,

Où l’été fleurissait sans être exagéré.

 

Végétaux, animaux, vivaient en harmonie.

Seul mot d’ordre partagé : le Respect de la Vie.

Air et eau de cristal ; le miel coulait à flots.

On ignorait alors Bayer et Monsanto.

 

C’était un jardin rempli de fruits goûteux.

Chacun se paraît d’une robe colorée et irisée.

Ce fut ainsi que s’invita une gouttelette perlée,

Pour donner à ce jardin cet effet si majestueux.

 

L’Eden au printemps, verdit, se fait volage.

Chaque être s’enorgueillit, lustre son plumage.

C’est le temps béni pour tirer son avantage,

Recueillir les fruits de son beau ramage.

 

On y trouvait des animaux dociles et d’autres sauvages,

Parmi lesquels le plus doux et le plus sage,

Celui qui au Tout-Puissant y avait fait voeu de fidélité,

Et qui se destinait bien à y régner pour l’Eternité.

 

Dieu trouvait toutefois qu’il y manquait une âme,

Il prit donc Adam sous son aile, créant la femme.

Et il y eut un jour, il y eut un matin.

Le lendemain, Eve naquit sous un grand sapin.

 

Selon les bruits, un autre être vivait dans les parages,

Une créature noble, digne des plus anciens adages.

Sa silhouette était nettement plus affinée

Et son intellect, clairement plus développé.

 

Chaque essence, chaque fleur, chaque fruit singulier,

Répandait à l’envi fragrances subtiles, parfums exquis,

Enivrant les esprits d’Eve et de son chevalier,

Afin d’offrir aux jeunes innocents la promesse d’une idylle.

 

Les enfants s’ébattaient et couraient dans les blés,

Tressant des coquelicots, des lys, des reines des prés,

En dansant, en chantant, en se prenant la main.

Et le Ciel annonçait de très beaux lendemains.

 

Pas de peur, pas de malheur, pas de souci.

Juste satisfaire ses besoins, ses envies.

Tout est clair, tout resplendit, tout est dit,

De A comme Adam jusqu’au I de interdit.

Un serpent persifleur se promenait,

Pendant que cette belle créature rêvait

A cette pomme de couleur si tentante,

Que lui conseillait cette bête rampante.

 

Un jour, le serpent s’adressa à Eve, disant :

– Pourquoi ne goûtes-tu pas les bons fruits si doux ?

– Dieu me l’a défendu, tu le sais bien, Satan !

Je ne veux surtout pas éveiller son courroux.

 

Lui qui croyait être seul, il crût d’abord au sabotage,

Puis se ravisa. Après tout, c’était peut-être la femme de ménage !

Mais lorsqu’il comprît qu’elle allait vraiment rester,

Il n’eût qu’une idée en tête : l’impressionner.

 

Des papillons, des coccinelles et des petits gâteaux,

Au détour d’un chemin, j’ai rencontré un gros crapaud.

Je l’ai bien regardé et je l’ai embrassé,

C’est pas comme dans les contes, il ne s’est rien passé.

 

C’était un paradis où tout a commencé :

Le soleil, la pluie et le doux parfum des fleurs.

Jardin magique où j’aurais voulu te rencontrer,

Tel n’était pas mon destin, je suis restée ailleurs.

 

Poème collectif réalisé le 21 septembre 2016, à l’atelier « L’Eventail des mots », d’après la première strophe du poème de Vette de Fonclare. Anne Dobler, Chantal Christinat, Raffaella Simeone, Laurence Zumbrunnen, Christine Casucci, Françoise Duvoisin, Francine Howald.