« Effondrement, c’était pour demain ? », le livre de Gabriel Salerno aux Editions d’en bas, vient de sortir.

Je recommande vivement cet ouvrage qui m’a permis de comprendre des notions basées sur des faits réels, et de réfléchir, loin des théories complotistes qui fleurissent et abondent malheureusement ici et là de nos jours.

L’auteur du livre a accepté de se prêter au jeu de l’interview.

Regard profond, sourire généreux, attitude sérieuse et posée, Gabriel Salerno possède également le sens de l’humour. Ce qui, au vu de la thématique de son ouvrage, offre des bulles de légèreté bienvenues.

Il naît dans la région lausannoise en 1987. Petit, il adore les animaux et estime qu’il possède déjà une grande sensibilité par rapport à eux et à leur environnement.Il étudie d’abord le latin, puis au gymnase bifurque en biologie-chimie : Le déclic se produit en suivant un cours complémentaire de géographie (assez vaste, mais centré sur l’environnement), qui va susciter son intérêt.À l’université, Gabriel opte pour l’environnement. Par la suite, il doit faire un second choix et s’oriente dans les sciences humaines et sociales, surtout en philosophie et anthropologie.Après un premier choix de sujet de thèse sur les enjeux de l’Arctique, sur lequel il étudie durant quelques mois, il bifurque vers un autre centre d’intérêt. En 2014, suite à la lecture d’un article sur le modèle Handy (étude mettant en lien l’effondrement et les inégalités sociales) il réalise que la thématique de l’effondrement est le domaine qu’il souhaite approfondir et sur lequel il écrira sa thèse.

Dominique Bourg, son directeur de thèse, est un exemple déterminant et stimulant pour Gabriel. L’ancien professeur, entre autres à L’université de Lausanne, et auteur de nombreux livres, soutient le jeune homme dans le choix de cette thématique. Gabriel Salerno a été le dernier assistant de ce monsieur maintenant retraité.

Un autre auteur et collègue, Yohan Ariffin, a été également très important dans l’élaboration de ce travail de thèse.

Selon Gabriel, les études sur la thématique de l’effondrement ont davantage intéressé le public francophone à partir de 2015 avec le livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens sur la collapsologie (Comment tout peut s’effondrer). L’invention de ce nouveau mot suscite la curiosité et la qualité de l’ouvrage vulgarisé agit alors comme un catalyseur. Gabriel m’explique qu’avant cette période, le public s’intéressait déjà à l’effondrement, bien sûr, mais sans vraiment réaliser l’importance de l’accélération des problèmes.

Il mentionne aussi qu’il y a également de nombreux romans, (entre autres de Science-Fiction), qui sont sortis ces dernières années et font la part belle aux thématiques en lien avec la situation environnementale actuelle. Les gens, heureusement, sont maintenant très sensibilisés.

Je demande ensuite à Gabriel s’il envisage d’écrire d’autres livres. Il aimerait bien rédiger et publier un ouvrage développant un thème, la question du sens de l’histoire, mentionné dans « Effondrement, c’était pour demain ? ». Il considère en effet que son premier ouvrage est comme un premier pas. Cette question du sens de l’histoire est un point central de sa thèse. Un point qui le passionne.

Par la suite, il se verrait assez se lancer dans des projets d’écriture très différents, pourquoi pas l’écriture d’un roman dans le domaine de la Science-Fiction ?

Le sujet est difficile, anxiogène. Mais il y a une note positive : Gabriel l’affirme : malgré l’ampleur et la difficulté de la tâche, il est encore possible d’agir, tant sur le plan collectif qu’individuel. Chaque idée ou effort en vue d’une consommation consciente, responsable, visant à la décroissance, peut amener son impact positif. Mais il est grand temps de s’y mettre concrètement.

Alors pour conclure, une citation d’Antonio Gramsci (1891-1937), chère à Gabriel Salerno  : « Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté ».

Francine

Photo de Tamara Lobo