Franchement, un écrivain dont le dernier roman a pour personnage central un rhinocéros ne peut, à mon humble avis, qu’être quelqu’un de bien !

On se délecte de suivre ce « Ganda », parti de Goa et son cornac, le rusé Ossem, lors de leur périple à travers l’Europe. L’histoire, réelle, se déroule en 1515. « Ganda » devient une sorte de star de son temps, présenté aux foules comme un objet de foire vivant, adulé des grands de ce monde.

Il restera célèbre en raison de la célèbre gravure d’Albrecht Dürer, gravure réalisée sans que ledit artiste n’ait jamais rencontré de visu le grand cornu, mais conçue à partir de témoignages écrits.

Cette histoire, qui à première vue semble… « toute bête », apporte l’air de rien de nombreuses pistes de réflexion qui peuvent être transposées à notre époque.

On s’étonne donc, puis on apprend, on pense, et surtout, on rit. Beaucoup et de bon coeur !

Finalement, on se surprend aussi à s’attacher à « Ganda », qui sous sa peau épaisse et derrière sa corne mortelle cache une sensibilité et des émotions plus humaines que celles des protagonistes humains de ce récit. (J’ai d’ailleurs proposé à mes voisins de mettre un rhinocéros dans le jardin, mais ils sont peu favorables. Je pense que c’est parce qu’ils n’ont pas encore lu ce livre) !

Ganda, Eugène, Editions Slatkine 2018.

Dans la foulée, n’hésitez pas à (re)lire un autre excellent ouvrage d’Eugène : « La Vallée de la Jeunesse », sorti en 2007 aux Editions La Joie de lire S.A.

L’auteur raconte son enfance et son adolescence, dans les années 1970-80, en Roumanie puis à Lausanne, entre autres lieux. L’originalité de l’ouvrage réside dans l’organisation des vingt chapitres. En alternance, le lecteur découvre dix objets qui ont été favorables dans la vie d’Eugène et dix qui ont été source de désagréments.

L’écrivain a publié divers autres ouvrages.

Il anime également des ateliers d’écriture. (Récemment à l’Uni pop de Lausanne).

J’ai eu un énorme plaisir à participer à deux d’entre eux, l’un en 2015, chez lui à Gryon, l’autre en 2016, dans le chalet de l’écrivain Juste Olivier, à Gryon également. (En compagnie d’une dame âgée adorable, descendante du prestigieux auteur vaudois).

Eugène propose des consignes d’écriture originales. Ses retours sur les textes des participants sont intéressants, fins et toujours emprunts d’une grande gentillesse.

Des moments de pur bonheur !

Merci Eugène, et surtout, continuez encore longtemps à écrire des livres uniques, originaux avec une touche farfelue de derrière les fagots, comme vous le faites si bien.

Photos de Francine Howald.  Eugène lors d’une séance de dédicaces au Livre sur les Quais 2018, livres, photos prises en juillet 2016, chalet de Juste Olivier à Gryon.